L’intelligence artificielle s’est imposée en très peu de temps comme un facteur déterminant sur les marchés financiers. Pourtant, selon Mike Chen, responsable Next-Gen Quant Research chez Robeco, ce n’est que le commencement. « En six ans, l’IA est passée de l’intelligence d’un insecte microscopique à celle d’un chat : c’est dire la rapidité de son évolution. Et ce rythme ne fait que s’accélérer, avec des conséquences majeures pour les marchés comme pour le secteur de l’investissement lui-même. »
Donner une perspective en matière d’investissement sans placer l’IA au centre est en réalité devenu presque impensable, estime Mike Chen, qui enseigne également au MIT en plus de ses fonctions chez Robeco. « Ce serait ignorer le plus important programme d’investissement de l’économie mondiale. »
Selon lui, l’IA va prendre une place encore bien plus dominante dans les années à venir. Nous en sommes actuellement à « l’ère Cisco de l’IA », en référence à la période du milieu des années 90, lorsque le monde entier s’activait massivement à installer des câbles, construire des centres de données et installer des routeurs pour permettre l’accès à Internet. « Les véritables applications viendront plus tard, mais l’infrastructure est en cours de construction. »
Des investissements de plusieurs milliards
Selon Mike Chen, cette phase de construction constitue une mégatendance appelée à durer encore de nombreuses années. Les investissements de plusieurs milliards dans les puces, les centres de données, le refroidissement, le renforcement des réseaux et la production d’électricité n’en sont qu’à leurs débuts. Alors que les dépenses d’investissement (capex) annuelles s’élèvent actuellement à environ 300 à 400 milliards de dollars, Mike Chen table sur un doublement d’ici 2030. Il considère cette progression comme l’un des mouvements les plus certains du marché : « Si l’on veut que les visions autour de l’IA deviennent réalité, une puissance de calcul colossale sera nécessaire. »
De nombreux investisseurs se tournent déjà vers des actions liées à l’IA, mais sans vraiment en comprendre la technologie sous-jacente. Pour Mike Chen, cela plaide naturellement en faveur de la gestion active : « Si vous souhaitez investir dans l’IA, fiez-vous à quelqu’un qui en comprend réellement les rouages. »
Attention à l›‘AI-washing’
Chen met en garde contre le phénomène d›‘AI-washing’ : des entreprises ou des gestionnaires d’actifs qui prétendent utiliser l’IA sans l’appliquer réellement dans leurs activités. Le parallèle avec le greenwashing s’impose de lui-même. « Tout le monde affirme recourir à l’IA, mais qui dispose réellement des données, des talents, de l’infrastructure, et réalise les investissements appropriés ? C’est là la véritable question. »
Robeco mise depuis plusieurs années sur l’IA en tant qu’outil dans le processus d’investissement, explique Mike Chen. Il cite notamment la stratégie ‘Dynamic Theme Machine’, un modèle développé par Robeco et alimenté par l’IA, qui identifie à l’échelle mondiale des thèmes et tendances à partir de volumes massifs de textes et de données dans plusieurs langues.
Mike Chen : « Le système détecte des thèmes émergents avant qu’ils ne soient largement identifiés par le marché. » Certains thèmes sont évidents, comme les infrastructures liées à l’IA ou la publicité pilotée par l’IA, mais le modèle révèle aussi des niches surprenantes. Le système a ainsi identifié une tendance autour du sport automobile aux États-Unis, en partie alimentée par la série Netflix Drive to Survive. « Malheureusement, avec une base d’investissement trop étroite. Tous les thèmes ne sont pas adaptés, c’est pourquoi un analyste fondamental intervient toujours dans l’évaluation. L’IA effectue des observations extrêmement rapides et largement partagées, mais seul un investisseur expérimenté est en mesure d’évaluer si un signal est cohérent dans le contexte d’un modèle d’entreprise, d’un secteur ou de l’environnement macroéconomique. »
Au cœur du processus d’investissement
Au-delà de l’identification des tendances, Robeco travaille depuis plusieurs années à l’intégration de l’IA au cœur même de son processus d’investissement. Chen souligne qu’il ne s’agit pas d’expérimentations marginales, mais d’un usage systématique de la technologie, qui influence au quotidien la gestion de portefeuilles pesant plusieurs dizaines de milliards.
Des composants d’apprentissage automatique (machine learning) ont été intégrés dans les stratégies quantitatives afin de prédire les mouvements de cours à partir de schémas restant invisibles pour les approches factorielles traditionnelles. « Cela représente une part encore modeste, mais en croissance dans nos modèles d’alpha. Il faut faire preuve de prudence lorsqu’on passe à l’échelle avec une technologie, mais nous constatons qu’elle apporte des éclairages différents de ceux fournis par les facteurs classiques. C’est ce qui fait sa valeur. »
Robeco a perfectionné cette technologie jusqu’à en faire une stratégie small caps mondiale, entièrement pilotée par l’apprentissage automatique. Mike Chen décrit un système d’IA totalement intégré, qui génère quotidiennement des signaux d’achat et de vente pour des centaines d’entreprises. Le modèle détecte des schémas locaux, des dynamiques de marché atypiques et des régimes de marché souvent trop subtils pour être perçus par des analystes humains.
Opportunités et risques en 2026
Qu’est-ce que tout cela signifie pour les perspectives 2026 ? Mike Chen n’anticipe pas de points de basculement, mais distingue une tendance claire. Il s’attend à ce que les entreprises qui mettent en place l’infrastructure nécessaire à l’IA performent bien - les fameuses ‘picks-and-shovels’ (pelles et pioches). Les puces, les centres de données, le refroidissement, les réseaux électriques, les technologies de communication et les métaux rares devraient tirer parti des investissements massifs en cours, affirme-t-il.
Du côté des risques, Mike Chen reconnaît que les valorisations sont élevées, mais juge inapproprié de comparer 2026 à la bulle Internet de la fin des années 1990. « La bulle Internet était remplie de ‘vaporware’ : des entreprises qui affichaient ‘dotcom’ dans leur nom, mais sans avoir de modèle économique. Les grands acteurs actuels, eux, génèrent un chiffre d’affaires réel et des flux de trésorerie considérables. Cela change fondamentalement la donne. » Il ajoute par ailleurs que les marchés s’alignent rarement sur le sentiment collectif : « Si tout le monde s’attend à un krach en 2026, il y a de fortes chances qu’il n’ait pas lieu. »
Il identifie également des goulets d’étranglement structurels qui présentent à la fois des risques et des opportunités, comme la consommation énergétique massive des puces d’IA, la surcharge des réseaux électriques et la demande croissante en métaux rares, en systèmes de refroidissement et en infrastructures spécialisées.
Europe vs États-Unis
Mike Chen souligne qu’il est trop tôt pour savoir qui seront les gagnants structurels dans la course à l’IA : « Nous ne savons pas encore quelle sera l’application de rupture. Les gagnants finaux ne sont pas encore identifiables. » Il se montre néanmoins remarquablement optimiste à l’égard de l’Europe.
Bien que les grandes avancées en matière d’IA soient aujourd’hui principalement réalisées aux États-Unis, Mike Chen voit justement des opportunités se présenter en Europe. Les valorisations européennes sont plus attractives et, du fait de la taille plus réduite du marché, un léger déplacement des flux de capitaux – au détriment des États-Unis – peut déjà avoir un impact significatif. « L’Europe est en retard en matière d’innovation, mais pas de qualité », déclare-t-il. « Les marchés européens peuvent bénéficier du fait que certains investisseurs cherchent à réduire leur dépendance aux États-Unis. »
L’IA va, quoi qu’il arrive, continuer sa progression. La phase de construction de l’infrastructure se poursuit, les applications concrètes viendront plus tard, les valorisations restent sensibles, mais la tendance est irréversible, estime Mike Chen. « L’IA deviendra aussi incontournable que l’électricité. La vraie question, c’est la vitesse à laquelle cela se produira. »
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